Borisko

C’est un chanteur qui chante, avec sa voix. On pourrait vous raconter sa vie, mais est-ce que ce serait vraiment intéressant ? Alors, autant en imaginer une qui a d’la gueule.
Par exemple, on pourrait dire qu’il est né une nuit d’orage d’une mère veuve et d’un père gitan de passage dans un pauvre quartier de Lille. Cette nuit là, le canal qui bordait sa maison est sorti de son lit, ce qui entraîna des coulées de boue qui envahirent les rues. Détruisant tout sur leur passage, elles fracassèrent la cabane qui abritait Borisko et emportèrent son couffin sur plusieurs centaine de mètres jusqu’à un monticule d’ordures. Le hasard fit qu’une guitare en bois chemina jusqu’à lui, Borisko comprit qu’il s’agissait là d’un signe du destin.
Sa mère le retrouva quelques heures plus tard, la guitare entre les doigts, fredonnant une chanson d’Aristide Bruant aux enfants des rues, aux rats et aux chiens errants, tous rassemblés pour l’occasion autour d’un feu de camp.
Il eut une enfance somme toute heureuse, bien que marquée par de nombreuses fugues. On le retrouvait alors après quelques heures, soit chantant Renaud sur un terrain rrom ou bien Brel sous la jupe colorée d’une fille à la peau bronzée.
Fatigué de ces trépidations infantiles, sa mère l’envoya dans un internat tenu par des bonnes soeurs qui le battaient pour le ramener dans le droit chemin. C’est là, dans une cellule d’isolement, qu’il composa ses premières chansons. Notamment « Dieu est mort, c’est pas moi qui l’ai tué, mais c’est pas faute d’avoir essayé. » qu’il envoya tour à tour à Higelin, Thiefaine, Arno, Dutronc (père et fils) comme France Gall, mais aucuns d’entre eux ne voulurent la chanter. Il prit donc son mal en patience, mit le feu à l’internat et la chanta parmi ses autres compositions dans les bistrots, pendant sa cavale qui l’emmena de Budapest à la Nouvelle Orléans, en passant par Wavrin. Pendant ce temps, il rencontra et travailla auprès de gens tels que Michel Crespin, Serge Noyelles, Mario Gonzalez, Carlo Boso, Stefano Perocco di Meduna, Dominique Grandmougin, il écrivit des textes non loin de Jeannine Worms (qui fut une vraie grand-mère pour lui), René Quinon, Marion Coutris ou Pierre Dubois. Puis il fonda le di mini teatro et opta de mener une vie de Bohème.
Alors qu’il vivait sa vie de hobbo, la guitare à l’épaule, le couteau à la main, il prit la direction du Gipsystan, pour suivre une jolie fille qui s’y était perdue. On ne dira pas s’il a réussi à la retrouver. Mais ce qui est sûr, c’est qu’auprès des rroms du monde, il y a trouvé ces chansons.