L’histoire du groupe
Un groupe de musiciens est parti sillonner les routes du Gipsystan.
C’est un pays méconnu, qui en fait rêver plus d’un. C’est aussi un pays occupé, qui subit chaque jour des agressions. C’est encore un pays dangereux, qui nous pousse à savoir nous défendre. C’est néanmoins un pays farfelu, qui nous étonne chaque jour. C’est malgré tout un pays extraordinaire, qui sait rire et danser.
Les musiciens en sont revenus avec ces chansons. C’est comme ça que le groupe « Gipsystan » s’est créé.
Au delà du groupe
L’objectif du Gipsystan est pluriel. Nous avons pu constater que la musique tzigane connue par les gadjés (personnes non-rroms) n’est pas nécessairement celle écoutée par les rroms eux-même. Nous voulions créer des passerelles entre ces deux mondes. Aussi nous avons choisis des chansons rroms venus du répertoires des grandes figures médiatiques (Goran Bregović, Emir Kusturica,…) comme des chansons rroms moins connus, du répertoire historique (Šaban Bajramović, Ceija Stojka) ou du répertoire contemporain (Sandu Ciorba, Gypsy.cz).
Par ailleurs, lors de nos temps d’échange avec les populations rroms de tout types (gens du voyage français, rroms des Balkans, vivant en banlieue des grandes villes ou à la campagne, rroms migrants en bidonville ou en dur), nous avons constaté que les multiples revers et attaques que ce peuple a subit a eu, parmi les conséquences, une perte de la maîtrise de la langue. Ainsi, nous avons pu rencontrer de nombreux rroms qui écoutent des chansons tziganes, mais n’en perçoivent plus le sens. Pourtant, comme la plupart des cultures nomades, c’est dans ces chants que se transmettent les valeurs et le patrimoine culturel. Traduire ces chansons en français permet, pour les rroms de France, ou vivant en France, comme pour les gadjés francophone, de comprendre toutes les subtilités de ces chansons, reflet d’un peuple, d’une culture, d’une histoire.
Le collectage
Le collectage des chansons de Gipsystan est effectué par Boris Dymny lors de temps d’échanges avec les populations rroms. Les anciens ouvrent leurs mémoires et leurs références. Les plus jeunes dégainent leur application youtube sur leurs portables. Nous travaillons ensuite ensemble à la compréhension des textes. Ces moments sont de véritables moments de partage, où ceux qui parlent encore le rromanès ouvrent leurs connaissances à ceux qui ne le parlent plus. Ces temps-là sont véritablement importants pour eux.
Alors que la « tziganité » est souvent vécue comme un poids, souvent honteux, ces temps permettent à ces personnes de valoriser leur origine et de réaliser tout ce que cette culture porte. C’est également très souvent l’occasion de débats, d’échanges d’idées et de réflexion sur la condition rrom. Boris Dymny met ensuite en forme et en mots ces textes. L’idée n’est pas de faire une traduction littérale, mais bien de faire passer les idées, les ambiances et les messages que ces chansons contiennent. Par la suite, les musiciens du groupe réarrangent la musique pour trouver le trait d’union entre ces univers qui peuvent être très différents, sous la direction de Pierre Polvèche. Notons également que certaines chansons du repertoire de Gipsystan n’ont pas été collectées mais sont d’authentiques compositions crées à partir des échanges avec les rroms d’ici ou d’ailleurs.